Saturday 5 December 2009

MSEM TODJOM, présenté par Leo Kounga et Doryn Foualem

Le Cameroun est une mosaïque de près de 250 ethnies aux coutumes et traditions différentes. Avec le brassage des populations, les conditions économiques et politiques, la recherche du mieux être, les allogènes se retrouvent désormais partout. Comment savoir qui on est et s’affirmer et si l’on n’ignore ses racines dans ce contexte ? Tel est le paradoxe qui pousse le peuple bamiléké à s’accrocher à des repères identitaires.

S’étalant sur une superficie d’environ 274 km2, une carte régionale situe Bandjoun à environs 7km de Bafoussam au croisement de la nationale5 liant Douala à Bafoussam et de la 4 qui lie Bafoussam à Yaoundé. Entouré de par et d’autre par les chefferies Bafoussam, Bayangam, Batoufam, Baham et Bameka, sa population résidente est d’environs 150.000 habitants établis de manière irrégulière dont il en résulte des zones de fortes agglomérations et d’autres moins peuplées.

Se dressant aujourd’hui comme la plus importante chefferie du pays bamiléké, sur les plans historique, culturel, humain, social, économique et même infrastructurel. Bandjoun a connu depuis la fin du 20es de fortes mutations qui l’ont placé au centre des reconstructions et des Innovations architecturales, de la technologie mais aussi aux vues de la conscience collective et des mentalités populaires. Bandjoun a vu naitre une multitude de groupes créé par les promoteurs de la santé communautaire, à travers des groupes d’initiative communautaires et des associations à but non lucratif, c’est dans cette foulée qu’est née la Coordination des Jeunes et la TDS, des mouvements appuyés financièrement pour aider les jeunes et les femmes s’organiser et auto-financer leurs projets.

La culture comme point de ralliement.


Motivés à la fois par les souvenirs des gloires des générations antérieurs qui aujourd’hui sont surtout des légendes, mais aussi par cette fierté de ne pas abandonner ses attributs à l’autel des remises en question et pseudo formalismes, le peuple mobilisé dans une solidarité entretient aujourd’hui l’histoire du royaume mais aussi les richesses du patrimoine en vivant le présent sans oublier le passé.

Le développement les journées culturelles dénommées MSEM TODJOM est une célébration du progrès qu’a apporté ces mutation quelques fois troubles qu’a connu Bandjoun au tournant du siècle. l’instauration des journées culturelles remontent au règne du 14ème Roi des Bandjoun, le Chef Ngniè Kamga, arrivé au trône en 1984, le roi comprenait le besoin de son peuple de s’affirmer par sa culture et son caractère distinct, accepta la proposition d’un de ses notables, à l’occurrence monsieur Tuekam Sylvain, conseiller municipal à Bandjoun. C’est ainsi que le Roi Ngnié adopta la dénomination MSEM TODJOM et proclama l’événement comme étant les Journées culturelles et économiques de Bandjoun.

Le Roi est mort, vive le Roi

L’arrivée de sa majesté Roi Djomo dans cette époque trouble de l’histoire des Bandjoun, fait de lui le personnage central de cette période transitoire. En effet, le Roi Djomo a été confronté à des difficultés importantes dès le début de son règne. Grace à Dieu, il saura surmonter ces difficultés par sa force de rassembleur et d’un homme éclairé par la science. MSEM TODJOM représente pour beaucoup de Bandjoun, un moment de réjouissance, de retrouvailles et de partage entre les fils de ce terroir appelés TODJOM.

« MSEM TODJOM » est donc une féérie, de beauté, de féerie, de découvertes du peuple Bandjoun à travers son art et sa culture. Ce sont des journées porte ouvertes dans lesquelles tout les camerounais sont invités à venir découvrir le savoir-faire du peuple Bandjoun à travers des expositions, des danses, des concours d’art culinaire et la dégustation des mets locaux. Cet événement sert à présenter le patrimoine culturel et valoriser aux yeux du Monde par le biais du média toutes les richesses du peuple Bandjoun. Le 24 Novembre 2009 est le jour de lancement de ces activités par le Roi et le préfet du département du Koung-Khi.

Au-delà de l’aspect festif qui les caractérise, les journées culturelles sont devenue une véritable institution chez ce peuple de la région ouest du Cameroun, il s’agit en réalité d’un moment de communion entre un peuple et son histoire. Une histoire qui le rattache non seulement à ses origines, mais aussi à ses ancêtres et à Dieu. Moment d’affirmation identitaire, de valorisation et de promotion des valeurs culturelles locales, les journées culturelles constituent aussi une circonstance au cours de laquelle la société est purifiée des maux qui peuvent être source de discorde et de division. C’est dans ce même sens qu’allait la journée de bénédiction comme ce fut le cas en Novembre 2008.

Les journées culturelles ne sont pas seulement « une stratégie de marketing » pour les promoteurs des produits locaux mais surtout une occasion pour le peuple Bandjoun d’ouvrir ses portes au monde extérieur dans le but d’exhiber positivement sa culture. Dans l’espace de quelques jours, Le Roi Bandjoun tous les fils de son terroir du Cameroun et d’ailleurs (principalement la jeunesse) à venir découvrir et redécouvrir leur culture. Le Roi invite aussi les amis à rentrer de plein pied dans une communauté diverse, multiple, de culture ancienne et d’ambition modernes.

Se déroulant sur le site même de la chefferie, les journées culturelles sont une foire artistique, musicales, gastronomique, avec des distractions diverses. On y vient pour apprécier les richesses locales à travers l’art et les différentes expressions de vie.
La foire présente l’art sous tous ses costumes dans ce recoin du gras land à travers les acteurs et intervenants. Elle se déroule autour de différents axes :
-L’ artisanat : ce sont globalement des artistes sculpteurs qui aujourd’hui célèbrent encore le faste de la cour des rois malgré les influences de la vie contemporaine par des réalisations impressionnantes inspirées de l’histoire du royaume.
A Bandjoun, il existe une grande variété de contenants conçus sur place, (principalement les récipients, les outils de danse et les sacs), chacun doté d'un emploi spécifique et utilisé tant pour la cuisine que comme matériel rituel ou d'apparat.

Ce qui frappe dans les contenants c'est la multitude des models, des styles, la liberté d'expression qui transparaît dans le détail de la taille, de la décoration, du tissage ou du modelage. Ces différents objets vendus à prix très symboliques permettent d’emporter avec soi un bout de l’histoire, d’un mythe ou un souvenir significatif d’un règne glorieux.


-La peinture : on rencontrera aussi à travers des expositions des artistes plasticiens contemporains qui tirent leur inspiration de l’histoire du pays bamiléké en général mais aussi des voyages à la rencontre d’autres civilisations. Alors leurs réalisations superposent des cultures entre tradition et modernisme. A travers les représentations, les jeux de couleur, transparait ce devoir de rester fidèle à la tradition locale mais également celui de redéfinir l’art traditionnel en incluant la vision contemporaine de l’art qui fait de Bandjoun un peuple ouvert et intégrant.

-Les musiciens sont également au RDV. Bandjoun renferme au moins une légende de la musique nationale aujourd’hui. Avec des sonorités emportantes, ils donnent de la voix aux journées culturelles. Les musiciens qu’on rencontre sur le site de la foire sont surtout des conservateurs. Avec des textes fidèles au dialecte local ou non, les messages sont toujours centrés sur les concepts propres à la localité, entre autre la polygamie, la sauvegarde des coutumes, les éloges aux personnalités cultes, l’intégration, l’amour, le partage… des valeurs qui donnent couleur et vie à l’existence du royaume.

-Les écrivains, fidèles au RDV présentent des livres divers. Bandjoun est lui-même au Cameroun parmi les villages qui ont été depuis un certain temps au centre d’une littérature riche et diversifiée. Des auteurs s’y sont arrêtés pour décrire un aspect de sa vie, que ce soit son environnement historico géographique ou même ses hommes. Les thèmes généraux partent de l’histoire des grands règnes aux faits quotidiens. Les écrivains sont des historiens, des anthropologue, mais aussi des romanciers, des conteurs qui illustrent des légendes et épopées fantastiques

-L’art cullinaire :Le travail n’étant rien sans le plaisir dans la localité, il y’a le plaisir d’apprécier l’art culinaire par des pauses gastronomiques avec les cultures vivrières locales qui permettent de concocter d’excellents mets mais également le plaisir d’apprécier les danses des sociétés secrètes (Massu, Lali, Wouop, Tso, Mougo, Ghali…) d’abords pour le mystère que revêt l’art vestimentaire complètement mystifié pour les prestations, mais également pour la beauté et la précision des gestes, des pas, des roulements de tambours.

-Le tourisme : Avec la modernisation de la culture par son exposition à d’autres culture, Bandjoun aujourd’hui revêt harmonieusement les attributs d’une destination touristique. On apprécie d’abord son climat, la région étant l’une des plus fraîches de la zone équatoriale. Sous un ciel d’un bleu éclatant, se dévoilent des paysages pittoresques. Bandjoun aujourd’hui c’est comme une ville neuve, qui grâce à ses conservations attire de plus en plus de touristes. Le passé a inspiré le tourisme, mais il y’a aussi la nature, le rêve pour l’amateur de « soleils lointains » de paysage de montagne, d’architecture traditionnelle.

Ces journées sur le site des festivités, mais aussi pour explorer Bandjoun dans son intégralité et maitriser les sentiers et grandes ruelles.

Les journées culturelles c’est donc l’occasion pour les profanes de découvrir ce visage qui de passage sur les routes nationales renvoie l’image d’une cité artistique avec des architectures post modernes mais aussi celle de découvrir la force des traditions dans cette localité avec les lieux sacrés ou la rencontre avec quelques personnalités cultes.-La chefferie Bandjoun Dans son décor de paille, de bambous, de toits effilés, de couleurs a la fois vives et pâles, on hume aussitôt l’odeur de l’histoire. Elle renferme le musée, mémoire virtuelle de la communauté, des cases traditionnelles, des réalisations plus modernes, l’historique des règnes avec le monument du Roi Kamga II
-Les concessions des plus grands notables que retient l’histoire, notamment celles des membres du clan des 9 notable tout autour de la chefferie.
-Le la’a kam dans la concession de Tafo mekui
-Le schuep chez tamounok, un lieu sacré surtout à fonction de justice avec son histoire.
Il y’a également des lieux sacrés, lieu d’histoire, de mythe mais aussi de pratiques qui jouent des rôles très important dans l’histoire te la pérennisation des cultures comme
-Le Vohmessoh : grande foret à demdeng
-La chute de Geschio à Dja dans son décor assombrit par les grands arbres,
-Yechio à Tseghem avec sa petite chute et son cour d’eau abritée dans un paysage de broussaille
-Le Gouop-aa de Mouwè avec ses pierres en cascades

Tous ces lieux constituent un patrimoine intéressant à visiter pour tous ceux qui s’intéressent à cette culture.
-L’architecture : Plusieurs bâtiments modernes témoigne du désir de Bandjoun et de ses dirigeants de s’arrimer au train de la modernité. Le visiteur a ainsi l’occasion de visiter et d’apprécier l’architecture avant-gardiste de l’hôtel de ville au centre ville, du musée contemporain de l’artiste Togwo Bartelemy pour ne citer que ces deux joyaux.
- La plaine de TOGO-DJO, destination touristique de choix, une terre riche, réservée exclusivement aux cultures vivrières qu’on qualifie comme le grenier de Bandjoun. . Rencontre dans une découverte horizontale avec un instantané saisissant de ce paysage, une nature saine et sereine. Du haut, le visiteur a l’impression que le temps s’est arrêté et se trouvera exposé au spectacle de l’activité humaine dans une région dominée par les cultures vivrières. Il sera fasciné par le paysage de la campagne dans toute sa nature avec les instabilités et décadences du relief ici et là illustrant un paysage de falaise à couper le souffle. On y retrouve aussi une palmeraie de genre unique D’une superficie de 250 hectares et employant des milliers de personnes dans la région.
- La technologie : En ce qui concerne la modernité, Bandjoun se veut à l’avant-garde par la présence de l’IUT Fotso Victor, mais aussi et surtout du Centre d’Initiation aux Nouvelles Technologies qui aura ses locaux dans la nouvelle mairie. Ce centre est destiné comme son nom le dit à initier les populations de la région l’apprentissage de nouveaux métiers liés aux nouvelles technologies. Ce centre d’initiation est initiatives des jeunes qui demandent depuis 2002 au Maire Fotso Victor de doter leur commune de ce centre.

En effet, le 17 Février 2009,à l’occasion du conseilmunicipal tenu à Dembou chez le chef de quartier Ntieki que le Maire a donné officiellement son aval pour que le Centre d’Initiation aux Nouvelles Technologies ait son siège dans le bâtiment de la nouvelle Mairie. Ce centre appelé aussi le Centre Fotso Victor pour honorer le patriarche qui a inspiré et motivé les jeunes dans la conception et l’élaboration de ce projet si cher aux jeunes Bandjoun. Une équipe des jeunes de la coordination a donc travaillé pendant plusieurs années afin de pondre ce projet.

Les jeunes tiennent à travers notre voix à remercier les dirigeants de l’UIT Fotso Victor qui ont accepté de porter avec nous ce projet pour le mener à terme. Il s’agit d’un centre de transfert de technologies qui permettra aux Camerounais de S’arrimer plus rapidement à la globalisation par l’initiation la formation des jeunes Camerounais aux nouvelles technologies.

Les journées culturelles s’attachent à donner une vision exhaustive, à la fois historique, sociale, culturelle et économique d’un peuple. Elles permettent au pays bamiléké de conserver, entretenir et officialiser ses coutumes afin de toujours pouvoir apporter sa contribution au salon des cultures du monde.

De façon générale, cette édition de Msem Todjom était placée sous le signe de la relance et tous espèrent que cet évènement qui se veut désormais annuel continuera à connaître un succès croissant.

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A propos des auteurs de ce reportage:
Le Docteur Nkounga est un consultant en Santé publique et en développement communautaire. Il œuvre auprès des populations à Bandjoun depuis plusieurs années. Il a œuvré dans la mise en place de la coordination des jeunes et de la TDS (Todjom Développement et Solidarité), deux organisation qui aident à l’organisation des jeunes et des femmes et les aide dans la réalisations de leurs projets. Le Docteur Nkounga est aussi le principal initiateur du Centre d’initiation aux nouvelles technologies, Il est aussi le chef d’œuvre dans le développement et la mise en place du comité de vigilance en œuvre aujourd’hui à Bandjoun. Le Docteur Nkounga est particulièrement intéressé par la santé et la prise en charge des jeunes mères et leurs enfants dans les communautés rurales. Efin, le Dr Nkounga est le president fondateur de Solidarité Internationale des Jeunes pour l'Environnement et la Santé. Ayant son siège a bandjoun au Cameroun, oeuvres auprès des jeunes et femmes sur le renforcement de leurs capacités economiques et financières.

Doreen Foalem, est une jeune écrivaine qui a dédié la plupart de son œuvre à la culture du peuple Bandjoun et à son caractère distinct. Elle est auteure de plusieurs articles publiés et d’un livre en édition sur l’histoire contemporaine de Bandjoun. Elle prépare présentement une thèse à l’Université de Genève en Suisse sur les droits des femmes en Afrique et particulièrement dans les sociétés traditionnelles.